lundi 21 décembre 2009

Une soupe de trop

Samedi soir, nous avons voulu finir la soupe de quelques jours. Moussa partait dans le désert pour la semaine. Dimanche matin, je me suis réveillée avec une diarrhée qui ne m'a pas lâchée de la journée. Une belle intoxication alimentaire... Je n'ai rien pu manger ni boire durant la journée, sauf pour avaler mon ami, monsieur spasfon. Résultats, en fin de journée, je me suis sentie mal sur les toilettes, j'ai voulu aller m'allonger. Adossée au mur de la salle de bain, j'ai ensuite entendu au loin le claquement de mes pas sur le carrelage, un crac... et quand j'ai réouvert les yeux, c'était le plafond que j'avais en face de moi. Je m'étais évanouie, et j'ai dû jouer au ping pong dans le couloir et sur les encadrements de portes. J'ai rampé jusqu'au téléphone pour appeler Kader au secours. Me voilà avec des bleus aux deux genous, le coude droit écorché et avec un bleu, la fesse droite avec un bleu, l'arcade gauche ouverte et les lèvres ouvertes sur la gauche de la bouche. Je passe ma langue sur les dents, elles semblent intactes. Je compresse arcade et lèvres en attendant Kader. Il me conduit à l'hôpital, de toute manière il n'y a rien d'autre ici. Résultats, 7 - 4 de tension... Perfusion de sodium, un bon bidon, perfusion d'antidiarrhéique, perfusion d'antispasmodique. Nettoyage ensuite de toutes les plaies, le sang a sèché, l'infirmier n'y va pas de main morte... Le médecin me dit qu'il faut faire un point de souture sur ma lèvre du haut. Ok, c'est vous le médecin, de toute manière je ne me suis pas encore vue. Kader m'a dit que je devais avoir l'impression d'être enflée mais que, non, ça va. Il me dit ça pour me rassurer...
Lorsque le médecin m'a fait le point, à vif je pense que tout l'hôpital m'a entendue hurler. J'aurais pu le tuer tellement ça m'a fait mal. J'ai eu alors la vision d'un poisson avec un hameçon dans la lèvre... Ils ne connaissent pas l'anesthésie locale ici. La seule anesthésie, était: "il faut de la patience mademoiselle".... Oui, mais ça fait très mal quand même!!
Aujourd'hui, lundi, la diarrhée m'a laissée tranquille, la soupe a dû finir de quitter mon corps, l'oeil gauche est un peu gonflé, et la lèvre bien explosée. Et j'ai l'impression d'avoir été rouée de coups. Mais bon, ça aurait pu être pire...

jeudi 17 décembre 2009

Rencontre - leçon de vie

Me baladant dans les rues de mon quartier, un jeune garçon, devant la porte de sa maison me hèle et me dit bonjour. Je m'approche, ce sont les travaux dans la maison. La petite cour vient d'être cimentée, un morceau de bois est posé en équilibre au dessus pour passer et rentrer dans la maison. Plusieurs enfants sont là, un d'eux me dit en Tamacheck, eho, eho, viens, viens, entre. Sa mère, un autre enfant dans les bras, me dit viens, entre manger le couscous. Elle est fière de me montrer les travaux de sa maison. Elle me dit que tout ces enfants sont à elle. Je lui réponds que ça fait beaucoup d'enfants! Elle me dit alors qu'elle n'a rien du tout, mais elle a sa famille, et c'est ça qui compte!

Jeux d'enfants

Ici, pas de jardin d'enfant, pas de tobogan dernière technologie, pas de balançoire avec toutes les options de sécurité, pas de voiture télécommandée....
Non ici, le désert offre tout, et les enfants ont l'imagination débordante pour transformer une bouteille de soda, un bout de fil de fer, un vieux pneu abandonné.
Tout à l'heure, en me rendant au cyber café, j'ai entendu des rires d'enfants sur ma gauche, j'ai vu que le gros rocher était plus brillant à un endroit, sur une grande bande. J'ai alors compris. les enfants avaient transformé cette partie du rocher, en tobogan, un morceau de bidon en plastique sous leurs fesses, et c'est parti pour la glissade, pas de rambarde de sécurité, pas de maman qui attend en bas les bras grands ouverts. Non, leur rire offre tout, et prouve à quel point ils sont vivants!
Quelques centaines de mètre avant, j'avais vu deux enfants faisant de la balançoire sur un morceau de chambre à air attaché à une branche de L'Arbre du quartier. Et ce sont des grands "bonjour" qu'ils me lancent lorsque je passe.
Au début de mon séjour, j'avais croisé quatre garçons, chacun avait une superbe voiture confectionnée de toute pièce, de fils de fer déformés et assemblés, les roues étant constituées de fond de bouteilles en plastique, chacune de ces voitures étant différente et très réaliste. Accroché à ces oeuvres, un baton, servant de guidon, pour pousser ses voitures improvisées et faire la course dans les rues, dans le sable.

mardi 15 décembre 2009

La recette de Kader

Raper 2 pommes de terre, 1 courgette, 1 gros oignon, quelques têtes d'ail, 1 petit fenouil
Faire dorer dans une cocotte les morceaux de mouton découpés en cubes
Ajouter les aliments rapés
Ajouter le sel, les épices (Raz el Anout)
Remuer
Ajouter de l'eau déjà chaude à niveau de tout ça
Faire cuire 35-40 minutes
5 minutes avant la fin de cuisson ajouter un piment vert doux, des olives vertes coupées en petits bouts.
Servir cette préparation sur un plat de pâtes, parsemer l'ensemble de fromage rapé
C'est prêt
Dégustez

lundi 14 décembre 2009

Soirée improvisée

Dans le désert, ou à Djanet, ou en Afrique, je ne sais trop dire, les programmes et les plannings, ça n'existe pas. Les choses, les événements, se font au gré des rencontres, des opportunités, du vent. Et pourtant, à chaque fois, ce n'est que du bonheur. Chaque jour, je ne sais pas ce que je vais faire, qui je vais voir, où je vais aller. Et pourtant, à aucun moment, je ne me suis ennuyée, à aucun moment, je n'ai eu l'impression d'une routine, et à chaque instant, j'ai pu croquer ces moments magiques, ces rencontres si riches.

Hier, après avoir eu des invités à la maison, comme presque tous les jours, après avoir pris le thé, puis encore le thé et encore le thé, direction la ville pour une errance si bonne. Visite à mon petit frère Boubaker, à In Abarbar. Musique et couché de soleil dans le 4x4 parce que dehors, le vent s'est levé, et le froid saisi. Djamel est avec nous également. Que c'est bon de se retrouver avec Boubaker. Je l'adore! L'année dernière je lui avait fait une fiche avec l'alphabet Tiffinagh, l'alphabet Touareg des origines. Il ne le connaissait pas du tout, et c'est lui qui m'avait demandé de lui apprendre. Durant notre séjour dans la Tadrart, j'avais écrit quelque chose dans le sable en Tiffinagh. Et il a réussi à le lire complétement. J'était aux anges!! Il avait durant l'été fait la démarche d'apprendre son alphabet, sans que je ne lui demande rien, et là maintenant, il pouvait le lire sans problème!

Le soleil couché, nous avons quitté Boubaker, et sommes allés à Djahil pour ramener Djamel. Arrivée à la maison qui est un peu comme la mienne, étant donné le temps que j'y passe, je suis allée dire bonjour à Tella et Tidouel dans la pièce des femmes. J'y suis restée, et finalement, j'ai mangé avec elles et nous avons passé la soirée ensemble. Naturellement. Dans la pièce, se trouvait également Semira, une petite fille de 4 ans. Elle a donné la vie et le soleil à cette soirée! Lorsque Tidouel lui a demandé comment je m'appellais, elle a répondu "Aicha!". J'en suis restée baba. C'est en fait la fille d'une soeur de Sohara, celle qui m'avait fait le hennée en Avril. J'ai du la croisé chez elle ou dans la rue, ou dans une autre maison, j'ai vu tellement d'enfants, tellement de femmes. Elle se souvenait très bien de moi en tout cas!

Elle était très intriguée par mes cheveux, qui n'étaient pas couverts par un quelconque voile, ni crépu comme elle ou les femmes qu'elle connait. Elle les a touchés, coiffés, carressés. Je l'ai laissé faire, j'étais sa poupée dans ses mains d'enfant.

La voilà ensuite partie dans une danse endiablée au rythme de la musique déversée par la télévision présente dans chaque maison. Une vraie femme dans un corps d'enfant. Quelle grâce, quel rythme!

Elle a voulu ensuite voir mon cheich, que je garde toujours enroulé autour du cou. Je lui ai montré comment je le mettais, je lui ai ensuite mis, à elle. Skey, la Targui!!!
Elle l'a alors enlevé et enroulé elle même sur sa tête, et c'était parfait! A 4 ans....
Scéance chatouilles, son rire inonde la pièce, la maison, le quartier, tel un rayon de soleil dans la nuit. Elle en demande encore et encore.

Merci Semira pour avoir apporté tant de vie et de joie durant cette soirée passée ensemble.

Ma gazelle

L'année dernière, à la même période, Moussa avait trouvé dans le désert, un bébé gazelle. Incapable de se débrouiller seule à cette âge, il l'avait récupérée et emmenée à Djanet.

En février, j'étais la seule à pouvoir l'approcher. En Avril, j'avais pu la carresser entre ses cornes naissantes, elle en avait fermé les yeux de bonheur. Ca avait été un moment magique!

Moussa ne pouvant s'en occuper durant la saison toursitique et son séjour en France, nous l'avions emmenée en Avril dans une sorte de camping, où se trouvait une autre gazelle, du même âge. Elles étaient ainsi ensemble, moins seules. Un mal et une femelle réunis. Ma gazelle étant un mal.

Quelques 8 mois après, nous sommes retournés la voir, hier après midi, avec Moussa et Djamel. Ses cornes naissantes en Avril, sont devenues bien grandes, et différentes de celles de la femelle par leur forme et leur taille.

Elle a conservé ses distances pendant toute notre visite. Djamel et Moussa sont ensuite retournés à la voiture. De mon côté, j'avais du mal à la quitter, envie de lui dire au revoir en tête à tête. J'ai finalement pris le chemin de la voiture et là, oh magie, elle est venue vers moi. J'ai alors fait demi tour. Elle s'est encore approché et a commencé à sauter sur place, et à frapper le grillage de ses petites cornes. Je ne savais pas trop, si c'était pour me faire partir et m'impressionner ou si c'était bon signe. Je me suis alors retournée vers l'homme qui s'occupe du camping, et il m'a fait signe que tout allait bien, le pouce levé. Elle voulait en fait jouer avec moi, une façon de me faire la fête. Nous étions face à face, elle donnant des coups de tête dans le grillage et moi, me déplaçant, comme un singe en face d'elle, à l'état primitif.



Peut être m'avait elle reconnue, moi ou mon odeur? Mais le lien a été recréé, et j'en suis encore sur mon nuage!

dimanche 13 décembre 2009

Tinaout

Pour ceux qui ne sont pas curieux....j'ai mis quelques photos de la maison dans l'article arrivée et installation

mercredi 9 décembre 2009

Sahara mon amour

2 semaines se sont écoulées. Le désert m'avait avalée. Mes parents sont venus me rendre visite ainsi qu'à mon Sahara chéri, chez moi, la Tadrart rouge.

3 jours de préparatifs, pour faire les réserves de nourriture, conserves, lait en poudre, cacahuettes pour le thé parce qu'ensemble c'est délicieux. Récupérer des bidons à droite et à gauche pour faire les réserves d'eau, 20 à 30 litres par jour sont nécessaires pour laver les légumes (avez vous déjà lavé une salade verte avec un verre d'eau?), faire la cuisine, la soupe, le thé, la vaisselle. Oubliez la douche dans le désert. L'eau ne sert qu'à la survie. Et remplir ces bidons durant le créneau de délivrance de l'eau qui a été décallé à cause de l'Aid. Trouver des matelas qui vont servir de salle à manger, et de chambre à coucher. Trouver un réchaud double foyer à caller avec des rochers dans le sable. Trouver une bouteille de gaz en pleine période de l'Aid, alors qu'il y a pénurie. Remplir le jérican de 90 litres d'essence. Et trouver du bois... dans le désert. Achat des légumes et un peu d'eau minérale la veille du départ. Chargement de tout ce matériel pour 5 dans un 4x4. Nous comptions sur un porte bagage sur le toit, mais impossible de démonter la galerie déjà en place. Il faudra faire sans. Seules les choses légères iront sur le toit. Tout le reste doit rentrer dans le coffre.

Moussa sera le chauffeur du 4x4, Boubaker, mon petit frère d'adoption sera le cuisinier, et guitariste de nos soirées. De mon coté, je ferai guide pour les quelques marches dans le désert et aide cuisinier.

Nous voilà partis en direction de cette Tadrart que j'aime tant. Je m'y sens tellement chez moi, retour à la maison, à la source de mes origines.

Arrivée à l'entrée, Ajelatti, les dunes noires. Le sommet de ces dunes est parsemé de fragments de pierres noirs. Les traces de pieds se marquent de rouge dans ce noir. Ensuite, entrée dans le défilé de la Tadrart pendant un jour et demi environ. Quelques gravures et peintures sur notre chemin. Mulan Naga, le deuxième de mes sites préférés.

Ici la roche en forme de tête de chameau. Et toute ces dunes si belles et harmonieuses. Nous gravissons une dune pour admirer ce paysage sous les couleurs du coucher de soleil. Quelle splendeur!
Anatote, vieux guide de 70 ans vient nous rejoindre durant la soiré. Palabres en Tamacheck avec Moussa. Levé de soleil le lendemain matin, les formes de la dune face à moi se dessinent et ondulent avec la montée du soleil.
Nous passons le lendemain, devant ma dune. Elle s'appelle maintenant "la dune de Aicha" car elle n'avait pas de nom jusqu'à maintenant.
Ouan Zoaten, harmonie des dunes, et de ces pitons rocheux qui se dressent.
In Tehak, site que j'aime tant.
Le défilé s'ouvre sur le monde de la Tadrart. Les jours s'enchainent naturellement, au rythme lent du désert.

Arrivée à Tin Merzouga, mon coeur, oulin comme on dit ici, la sang qui coule dans mes veines, l'aimant qui m'attire, la place dont je ne peux plus partir.
La semaine va passer, à la fois vite, mais pourtant, avec l'impression d'avoir profité de chaque instant, pleinement, entièrement.