mercredi 7 juillet 2010

Douceur de sable

Le voyage d'une chèvre

Nous sommes vendredi. Je pars de Ifferi, pour passer la journée avec Tidouel à Djahil.
Tidouel est en train de préparer notre repas de midi, ces petites pâtes toutes rondes comme des énormes grains de semoule, que j'adore. Elle y ajoute une herbe aromatique qu'elle enflamme avant de la jeter dans la casserole. Le résultat est un régal.
Le mari de Fahima, la voisine est là. Ils doivent partir dans le désert pour la journée avec leurs deux enfants et sa soeur. Takaya qui habite la même maison que Fahima, doit également faire partie du voyage... et d'un coup, tout s'accélère, Tella, la mère de Tidouel part également... et Tidouel et moi... aussi. Tidouel est excitée comme une puce. Elle fourre le repas du midi dans un berthe, rien n'est perdu. Nous chargeons le 4x4. Couvertures pour s'asseoir dans le sable, bidons d'eau, hache, couteaux, casseroles... et une chèvre vivante, dans le coffre au milieu de tout ce barda.
Direction, le quartier de Arghum. Nous récupérons du bois pour le feu, à installer sur le toit. Djamel 2 qui va monter dans le coffre avec la chèvre, le fils de Fahima et tout ce qui s'y trouvait déjà. Nous voilà à 10 dans la voiture. 3 devant, 4 derrière plus la petite fille, et Djamel dans le coffre plus le petit garçon... et la chèvre.
Nous quittons Djanet, et prenons la route de la Tadrart que je connais par coeur. Quittons le goudron par le nord au bout d'un moment, direction le désert. Nous roulons entre les roches, les acacias et les oueds, puis nous enfonçons dans un oued, jusqu'au fond, tout au bout. Nous y sommes ainsi coupés du vent, et à l'abri.
Déchargement de la voiture, nous mangeons ce que Tidouel avait préparé. Je pensais que c'était le repas pour nous tous. Et bien, je me trompais. Ce n'étais qu'un en-cas. Nous partons à la recherche de brindilles et éventuellement de bois. Le mari de Fahima, lui s'éloigne derrière un rocher, accompagné de la chèvre. Elle n'en ressortira qu'en morceaux. C'est un méchoui qui nous attend et qui va s'étaler sur tout l'après-midi. L'homme dépèce la chèvre, les femmes la cuisinent. Les abats sont cuits à même les braises, le foi en particulier qui roulé en morceaux dans la coiffe, mis sur une brochette et flambé est un régal et un plat prestigieux pour les invités. La viande est cuite longtemps, longtemps. Les tripes sont vidées et préparées. La peau servira de tapis, ou de guerba. Tout est utilisé. Et ces moments de méchoui sont vécu comme une grande fête. Nous avons également préparer deux grandes taguela, ces galettes de semoule cuites dans le sable, puis émiettées. Elles seront mélangées à la sauce et aux tripes, parsemée de morceaux de viande.
Après ce festin, la sieste s'impose, à l'ombre des rochers.
Trois ânes viennent nous rendre visite, curieux de ce groupe d'humains présents sur leur territoire. Takaya qui n'a peur de rien, essaye d'en monter un. Elle y arrive, mais se fait rapidement éjecter suite à une belle ruade de sa monture.
L'après-midi va s'écouler au rythme du festin, et du désert. Lentement, sereinement, harmonieusement.
En fin d'après-midi, nous partons pour un tour de 4x4 dans le désert. Direction le site de la vache qui pleure. Il faut traverser le goudron, et repartir dans le désert vers le sud ouest. C'est l'homme qui conduit. Tidouel et moi sommes convaincues qu'il ne prend pas la bonne direction, qu'il a tourné trop tôt et qu'il faut aller là-bas un peu sur la gauche. Mais dans sa fierté, il ne peut entendre nos remarques... et ne trouvera jamais le site. Mais nous tombons sur une zone, couverte de végétation. Et là, magie des rencontres, des centaines de cigognes sont présentent et s'envolent à notre arrivée, pour se poser quelques centaines de mètres plus loin. Quel spectacle magnifique. Je n'en crois pas mes yeux et suis ébahie comme une enfant. Nous allons rester là à les contempler encore et encore. Dans leur ballet noir et blanc.
C'était une belle journée, pleine de surprises et de bonheurs simples. Entourée de mes amies chères à mon coeur, mes soeurs Touaregs.

mardi 6 juillet 2010

Enfant dans le soleil couchant

Dans une rue de sable du quartier de In Abarbar, sous la lumière du soleil couchant.

Dauphin égaré dans le désert

La tente Touareg

La tente Touareg est le foyer familial, le cocon où se réfugier quand le vent de sable souffle, ou lorsque le soleil brûle. Elle est le bien de la femme. La femme en est le pilier, l'homme n'en est que l'invité. Telle est la définition de la société Touareg des origines, société matriarcale, qui vit bien des tumultes en Algérie, pays où l'islam est obligatoire.
La tente est fabriquée en cuir, tendue sur des poteaux de bois. Le bas de la tente est rendu hermétique au vent et au sable grâce à Esseba, natte de feuilles de palmiers tressée et ornée de cuir. L'intérieur de la tente est décoré de multiples parures de cuir sculpté, tressé, coloré. Ces objets de cuir sont le travail des femmes. Ils viennent également parer les selles de dromadaires, enjoliver les sacs de provisions. Ce sont des travaux minutieux, jouant de formes géométriques, de couleurs et de frises.

lundi 5 juillet 2010

Pour le plaisir des yeux

Sans autre commentaire, juste pour le plaisir des yeux

samedi 3 juillet 2010

Nostalgie

Hier soir, sur skype, Moussa m'a dit que tout le monde lui demandait de mes nouvelles. Mêmes des femmes ont osé l'aborder, passer les barrières de la société, pour lui demander de mes nouvelles! Il m'a dit que j'étais une star à Djanet. Bien des personnes attendent mon retour.
Ce soir, je suis nostalgique de ces moments, de cette tranche de vie.
Petit coup de bluse.

Sahara mon amour

Quelques jours avant mon départ pour la France, Moussa m'a offert un magnifique cadeau. Une journée dans mon désert chéri. Nous récupérons Djamel tôt le matin à Djahil. Direction le souk de Djanet pour acheter quelques provisions pour la journée. Salade, tomate, pain, eau. La voiture est déjà chargée des matelas, des tabardées, des bidons d'eau, quelques légumes cuits, les topsis, grands plats pour laver les légumes et dresser le repas, et surtout, du wouan chai, ce panier pour le thé contenant tout le nécessaire, 2 théières, les verres, le thé, le sucre et le quart pour travailler le thé.
Nous quittons enfin Djanet. C'est une journée de fête. Nous sommes bien, ensemble, tous les trois. Direction le désert. Nous quittons rapidement la route goudronnée pour s'enfoncer dans ces paysages que j'aime tant. Rochers et sable, ou sable et rochers. Les harmonies sont toujours présentes, harmonies de couleurs, de textures, de formes. Nous parcourrons au rythme lent d'une caravane ce décor somptueux. Oueds, dunes, canyons. De temps en temps, quelques dromadaires lèvent la tête pour nous voir passer, seul spectacle animé de leur journée.
Rencontre au hasard du chemin, de deux chameliers que Moussa connaît. Quelques palabres.Nous atteignons finalement l'entrée d'un canyon, offrant une ombre rafraîchissante. C'est là que nous nous installerons pour la pause de midi. Djamel et Moussa installent le camp, ils préparent le repas. Je suis exemptée de cuisine, car c'est ma journée, et parce Tidouel m'a fait le henné hier, et il ne faut pas que je touche l'eau. Quel bonheur de se retrouver là ensemble.
Après le repas, nous cherchons un endroit pour la sieste, car le soleil a tourné et notre coin risque de voir son ombre réduire. Nous explorons les lieux avec Moussa. Et c'est encore moi qui vais voir les traces de vipère. Je suis devenue traqueuse de vipères... Nous suivons sa trace pour la localiser et nous en éloigner.
Après la sieste, le vent commence à se lever, les nuages à remplir le ciel, et le tonnerre gronde. Un orage se prépare! En plein désert!Le paysage change, les contrastes s'accentuent, et le décor devient fantomatique. Le vent souffre fort, soulève le sable dans ce ciel noir. Le soleil essaye de se frayer un chemin et illumine les dunes donnant des couleurs fantastiques.Maintenant, la pluie tombe, quelques gouttes éparses pour commencer, mais rapidement, ce sont de grosses gouttes qui tombent très drues. Moussa est obligé d'utiliser les essuie-glace, élément des 4x4 qui servent bien rarement.Le paysage est magnifique, sable mouillé par le ciel, et roches chauffées par le soleil. Quelles couleurs, quels contrastes! La force des éléments.Le Sahara m'a offert une magnifique journée, entourée de mes chers Touaregs que j'aime tant, dans ce décor qui fait battre mon coeur, et fait couler la vie dans mes veines.
Merci Moussa, merci Sahara.

mercredi 12 mai 2010

Chez Tenko

Voilà un moment que Tenko veut que je vienne manger chez lui. Alors, c'est décidé, c'est pour demain. J'arrive au souk dans la matinée, mais je vais mettre un bon moment avant d'atteindre sa boutique. Je me fait attraper au passage par le bijoutier de l'entrée de souk. Me voilà assise sur un tapis dans sa boutique, il commence à préparer le thé... alors je sais que je vais rester pour les trois thés. De nombreux Touaregs bijoutiers viennent dans sa boutique, ils me connaissent tous et me nomment Aicha.
Arrivée enfin dans la boutique de Tenko, Ghabda est là aussi, il sera également des nôtres. C'est Moussa qui nous déposera en voiture, la maison est dans le quartier de Djazira. Pour atteindre la maison de Tenko, il faut grimper, grimper ce petit chemin de terre. Elle est agrippée à la montagne, c'est la plus haute du quartier. Au dessus, ce ne sont que rochers et cailloux, le désert, le reg.
Nous voici devant la porte de la maison, vieille porte de bois, laissant passer le vent et la lumière par ses morceaux manquants, envolés avec le temps. Nous entrons dans une petite pièce, sol de sable, murs de pierres et terre recouverts d'argile blanche, il y a très longtemps à en voir leur état. Le toit est constitué de feuilles de palmiers serrées entre elles, posée sur une poutre en bois de palmier. Cette petite pièce n'a pas de porte et donne dans la cour, elle-même partagée en deux. Une partie est a ciel ouvert, l'autre couverte avec le même système que la petite pièce. En face la chambre familiale où Tenko dort avec sa femme Tonou et leurs deux enfants. Dans la chambre, seuls quelques tapis font office de lit. Il n'y a rien d'autre. A côte, la cuisine. Dans cette pièce, un réchaud posé à même le sol, et une sorte de plan de travail sur lequel sont posés quelques marmites. Tonou est en train de cuisinier lorsque nous arrivons. Pas d'évier, pas de placard, pas de fenêtre. Pour les "sanitaires", il faut passer une autre petite porte pour sortir de la cour, un plan incliné descend alors vers une zone avec trois pans de murs, sans toit, un trou dans le sol bétonné, c'est la douche. Les toilettes sont sur le même système, trois murs, un wc turc, un petit toit a été ajouté. Des bouteilles sont là pour servir de chasse d'eau. Pas de porte, pas d'eau courante. Mais une vue superbe sur l'oued de Djanet. Cette maison m'aurait un peu effrayée, déstabilisée, si j'y étais venue avec mon esprit d'Européenne du début de l'aventure. Et pourtant, ce jour là, je la trouve tellement belle, sauvage et naturelle, authentique. Je m'y sens bien, à l'aise, en harmonie.
Nous installons les matelas dans la cour, sous le préau. Tonou a préparer un festin! Couscous délicieux, salade de hors d'œuvres, salade verte, et un plateau de fruits, oranges, pommes et bananes. Tout est parfumé d'épices si savamment dosées. Un autre amis Touareg du Niger nous a rejoints pour le repas.
Tenko me montre ensuite toutes ses photos. Il partage avec moi sa vie, son histoire. Me parle de la vie au Niger, de ses amis, il est ému lorsqu'il me parle des amis disparus dans un accident ou lors des combats Touaregs. Son ancienne femme et son premier enfant. Il me livre les anecdotes de quelques photos. Son voyage pour la Lybie à bord d'une camionnette de passeurs, entassé avec tous les clandestins, accroché sur le toit du pick up pendant de longues heures, en plein soleil. Les souvenirs de ses 20ans. Les fêtes. La vie de tous les jours a Niamey.
Qu'il est bon de me trouver là avec eux, comme un membre de la famille. Les images de ces instants restent dans mon esprit comme si c'était hier, l'atmosphère, les regards, la confiance et la sérénité. Merci Tenko.

samedi 1 mai 2010

La Land Rover d'Amoumene

Sortie des temps anciens, voire encore plus anciens.... la Land Rover d'Amoumene, 40 ans d'âge, ma voiture préférée à Djanet. Rien que la calandre vaut le détour, avec ses phares de jour peints sur la carrosserie et les phares de nuit, la calandre balcon.
L'intérieur, essuie-glace automaticomanuel, climatisation à travers la grille sous le pare-brise.
Pas de compteur de vitesse, inutile de toute manière.Et ses décorations personnalisées faites par monsieur Amoumene en personne.

vendredi 23 avril 2010

Arsarhat

Voilà, l'aventure touche à sa fin. Demain soir, c'est le départ, retour en France.
Dans quel état d'esprit suis-je? Déchirée, tenaillée, arrachée à ma terre, à mon peuple d'adoption, le coeur en miettes, l'esprit en éclats. J'en crève.
J'ai commencé les au revoir ce matin. Que de larmes déjà. Tellement de personnes dans mon coeur, qui m'ont touchée et que j'ai touchés. Je ne sais pas si je les reverrai un jour ou non, mais ils restent à jamais gravés dans mon coeur.
Le départ va être vraiment dur demain soir...
Mais en même temps je suis tellement heureuse d'avoir pu vivre ces six mois ici, en harmonie avec mes idées, mes envies de vie, mes sensations. Ça a été du pur bonheur. Aucun regret. J'en sors grandie, enrichie, avec l'impression d'avoir vécu vraiment, d'avoir échangé sans retenue, naturellement, avec les gens et avec les éléments, le désert.
Sahara je t'aime, Touaregs je vous aime!

Le blog ne s'arrêtera pas pour autant. Encore beaucoup de choses à raconter. Je n'ai pas toujours été assidue par faute de temps, ou de moyen, ou de mauvaises excuses...alors ne raccrochez pas.

Touksi

Mardi
Température dans la maison 30°C
Dehors à l'ombre 41°C
Dehors au soleil 59°C
Il me semblait que j'avais un peu chaud....

lundi 19 avril 2010

Le vent d'ici

Hier, pluie à Illizi, première ville au nord de Djanet, à 400km. L'oued va couler.
Ici, le vent s'est levé en fin de matinée, fort, chargé en sable, tournoyant, fouettant les corps. Il s'appelle ici ado. La visibilité s'est obstruée. Le paysage est devenu fantomatique en fin de journée, dans le soleil couchant.
Quelques gouttes, dans le début de la nuit, sont venues rafraîchir nos corps brûlants de la chaleur de la journée passée. Petit bonheur simple, en accord avec les éléments.

samedi 17 avril 2010

Catastrophe naturelle

Dans la nuit de mercredi à jeudi, est-ce un fil électrique qui a fait des siennes, est-ce un braséro destiné au thé, mal éteint? Toujours est-il que le souk a pris feu vers 1h du matin. Le souk est constitué de deux allées, celle des "boutiques" arabes, celles de "boutiques" touaregs. Ces fameuses boutiques sont fabriquées avec des bidons de pétrole ouverts, mis côte à côte, les jours étant comblés par des morceaux de sac de blé, de cheich, de tissu. Quelques tapis ça et là pour la sieste. Cette fois ci, c'est toute l'allée des Touaregs qui a pris feu et qui a brûlé. Tout est parti en fumée, les bazanes, tenues traditionnelle des hommes, les tassarnests, celle des femmes, les cheichs, les bijoux d'argent, les vieux sacs touareg, issus des familles nomades d'origine, les machines à coudre des tailleurs locaux, tout. Beaucoup ont tout perdu. Et il sera difficile pour eux de se remettre de cette catastrophe. Le feu a tout dévoré, et s'est arrêté, comme par magie, ou grâce a la petite ruelle qui passe là, au niveau de la boutique de mon ami bijoutier Tenko.

Sa boutique a été épargnée par les flammes, je l'appelle le rescapé. Voici un aperçu du désastre, vu de l'oued, et vu de chez Tenko, avec les bijoux survivants en premier plan.

mardi 13 avril 2010

Décallage

Toutes ces choses qui me semblent maintenant "normales" mais qui étonneraient encore un Européen.....
Le transport public dans la benne d'un camion, hommes et enfants, debouts accrochés aux chambranles. Les enfants courant pieds nus dans la rue.
Un enfant de 4 ans, portant un sac de pain aussi grand que lui, seul entre la boutique et sa maison.
Une ribambelle de vieux, assis à même le sol, adossés au mur, prenant le frais, et palabrant dans le soleil couchant.
Une vieille femme, revenant des jardins, un énorme paquet de plantes posé sur la tête, son visage en dépassant à peine. La rue... faite de sable.
Le bijoutier forgeron tenant son chalumeau avec les pieds pour avoir les deux mains libres pour travailler.
Allumer un feu sans papier.
La voiture, une roue manquante, attendant la paye pour la changer... depuis que je suis là. Faire cuire du pain, dans le sable.
Les chèvres qui se promènent dans la rue.
Les hommes assis à même le sable, dans l'oued, jouant à Dhara, mélange d'échecs et de dames, les pions sont des cailloux pour les blancs et des crottes de dromadaires sèches pour les noirs, creux dans le sable pour les cases

samedi 20 mars 2010

Quelques mots de Gabda le poète Rasta

Mardi, j'ai rendu visite à mon ami bijoutier, Tenko. Je m'installe à ses côtés, nous partageons idées, thé, cacahuètes, pensées. Un jeune Touareg est là. Je ne l'avais jamais vu, mais il connaît déjà mon nom. Il recopie sur un carnet un texte écrit à la main. Je commence à le lire. Et je le trouve très beau. C'est lui même que a écrit ces mots. Et j'aimerais les partager avec vous. Je vous les livre tels que je les ai lus.

"Sagesse du désert, désert deserere. Dites désert, on vous répondra Sahara. Le manque d'eau. Une sagesse est un savoir vivre au sens d'un art et de diriger sa vie et non au sens d'une conduite réglée par des conventions sociales. Elle est un savoir vivre heureux, malgré le mal, malgré la mort, malgré tout. La sagesse du désert est celle que les humains s'inventent en le fréquentant. Nous les avons présentés en cinq parties.
Il y a les Hommes qui habitent le désert.
Ceux qui se retirent au désert.
Ceux qui visitent le désert.
Ceux qui pensent le désert. Le désert désigne alors très largement tout lieu de retraite et de solitude. Le désert, lieu de solitude, de silence et de méditation, devient ici, la montagne avec un sens spirituel analogue. Marcher et s'asseoir. On parle, on rit, sans se soucier du retour. Mais toujours, il faut découvrir le désert et ressentir le désert.
Ceux qui ont le plus fréquenté le désert et ont su le mieux en parler. Le désert est alors ici un lieu d'avant les Hommes, préservé de leurs atteintes. On ne lutte pas contre le désert, on l'apprivoise. Visiter le désert: le voyage, l'expédition, la mission scientifique. Il faut financer ces voyages, rapporter beaucoup d'argent. Respecter le désert. Hélas. Il aime l'espace et la solitude. Il se fait condamner à toujours se remettre en route, à tout quitter pour chercher ailleurs, le bonheur, franchir le sable à dos du dromadaire. avoir attendre le désert, le désert est semblable au rocher. Il faut attendre, tu le sais: attendre la tombée de la nuit, le levé du jour, l'arrivée de l'hiver. Merci sagesse du désert.

Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces. Celui qui sait parler ne fait pas de fautes. Pour parvenir à prendre, il faut d'abord donner/ Alors les gens donateurs, parlez du don. Donner, c'est peu donner que donner de ce qu'on a. Il y a ceux qui ont peu mais le donnent tout entier, ils croient à la vie et à son abondance, leur coffre n'est jamais vide. Il y a ceux qui donnent avec joie, cette joie est une récompense. Merci.

Le désert fût l'un des souvenirs les plus émouvants de mon enfance. jamais je n'oublierai cette image. Il y a plus de 50 ans, en souriant, les Touaregs étaient les seuls maîtres de tout cette richesse. Les Touaregs est la seule clé du grand Sahara.

Jeu de l'esprit.
Cela veut dire la liberté de voyager en découvrant un pays tous les ans. Que celui qui prends sa part en ce monde resté les mains vides dans l'autre monde et inversement. Nous existons pour être heureux. Hélas. Pourquoi tant de larmes sous le soleil. Tu reconnaîtras que les Hommes heureux sont les plus malheureux. Mieux vaut pleureur que rire. Car les larmes corrigent le coeur. Ce qu'est le monde en tant que monde. Il nous est donné de le comprendre, tout devient alors Terre sur laquelle on peut se tenir. Ou dedans laquelle on ne peut nager. Mais il est évidemment plus juste d'apprendre à connaître le monde par l'Homme que l'Homme par le monde?

Le poète Gabda Ahmad Rasta en mangeant la taguela à Gabaroune, préparée par Fillo, cuisinier du désert."

J'ai discuté depuis plus longuement avec lui. Né en 1986, c'est lui qui se sent responsable de sa famille. Il doit subvenir aux besoins de ses parents, déjà vieux, usés par le temps, et de ses frères et soeurs souvent nombreux. Il ne leur a pas parle depuis plus de 2 mois. Essayant de travailler en Lybie, mais c'était un mauvais choix cette année, puis venant ici en fin de saison à Djanet, avant de retourner dans sa famille dans le désert au Niger. Pour les Touaregs, les frontières tracées à la règle par l'Europe n'existent pas. Son rêve est de faire des études et de devenir écrivain, poète et philosophe. Déjà doté d'une grande sagesse à son âge. Touareg au coeur pur.

lundi 15 mars 2010

Yasmine

En cette fin de matinée d'un jour de Janvier, Moussa et moi rendons visite à une de ses cousines. La maison est remplie d'enfants, semblant adorer leur mère. La petite dernière Yasmine, âgée de 9 ans m'amène sont cahier d'école. Elle commence à apprendre le français cette année. Toute sa scolarité s'est déroulée en arabe jusqu'à maintenant. Elle essaye de reproduire des lettres inconnues, qui ne sont pour elle que des dessins. Jamais personne ne lui a appris à les réaliser. Je vais alors passer un bon moment avec elle à lui faire des lignes d'écriture telles que je les ai apprises moi même à l'école. En décortiquant la manière dont les lettres sont faites. Je vais lui prendre la main pour les lettres les plus difficiles de notre écriture, telles que le f, le g, ou le p. Je guide sa main, au creux de la mienne. Elle est ravie et s'applique à réaliser les lettres correctement, de gauche à droite, à l'envers de tout ce qu'elle a appris jusqu'à présent. Elle me demande ensuite de lui faire l'alphabet des lettres majuscules. Je lui propose ensuite l'alphabet Tiffinagh... elle connaît déjà très bien! J'en suis étonnée mais ravie. Elle me demande ensuite d'écrire des phrases qu'elle pourra reproduire. Elle est elle-même demandeuse d'apprendre. Je trouve cela merveilleux.
Quelques semaines plus tard, j'apprends qu'elle demande sans cesse où je suis, et quand est ce que je reviens. Samedi soir, sur le route, je suis avec son frère dans une voiture. Nous en croisons une autre. Les 2 voitures pilent. Un fillette en descends et arrive en courant, pour me dire bonjour et m'embrasser. C'est Yasmine, petite fille échevelée, dans la nuit douce du désert, désireuse d'apprendre et de connaître le différent, déjà à son âge.

jeudi 4 mars 2010

Photo instantanée

Des enfants qui jouent au foot, la poussière du sable soulevée par leur pieds nus, des buts imaginaires, dans le soleil couchant, en contre jour.

jeudi 18 février 2010

Les yeux grands ouverts

Gardez les yeux grands ouverts. Regardez le ciel, voyez la lune dont le ventre grossit, connectez vous aux étoiles. Lorsque vous marchez, levez le nez, regardez plus loin que le bout de vos pieds, loin devant, là-bas l'horizon.

mercredi 17 février 2010

Tinaout bis

Pour ceux qui ne sont pas curieux, nouvel article datant de début janvier, mais publié seulement ce jour. Intitulé "Tailleur".

Secrets de femmmes

Dans le monde Touareg, le monde des femmes est très important. A l'origine, la société Touareg est une société matriarcale. La femme est le pilier de la tente, l'homme n'en est que l'invité. Les transmissions de mémoire, de culture, d'objets, se font via la mère.
Autour de se monde se sont développés de nombreux secrets de femmes. Secrets de parfum, chacun ayant un rôle et une histoire, secrets d'encens, secrets de vêtements, secrets de bijoux, secrets de cuisson des différents pains, secrets d'histoires de familles, d'histoires de femmes.
Elles les partagent maintenant avec moi, comme une des leurs, une femme de la tribu Touareg. Mais par respect pour elles, ces secrets resteront secrets.

dimanche 14 février 2010

Juste une minute

Lundi, un peu avant midi, nous sommes allé à Djahil, Moussa et moi, pour dire bonjour. Djamel vient nous voir alors que nous sommes encore dans la voiture. Ils discutent Moussa et lui, en Tamacheck. Et il finit par dire," descendez juste une minute". J'entre dans la maison, je dis bonjour aux filles qui sont là. Fréddie, une amie française de Djamel est dans le jardin, en train de peindre quelques aquarelles. Je le rejoins. Tidouel arrive avec un plateau garni du repas du midi. Me voilà, en train de partager le plat avec elles. Après ce repas tellement agréable, à l'ombre des palmiers, Tidouel fait la vaisselle dans le filet d'eau qui coule au fond du jardin, tout simplement. Quelle belle image, tellement authentique.
Préparatifs ensuite pour aller faire le thé, dans l'oued, dans la nature. Remplissage du panier à thé, garni de ses deux théières, des verres à thé, la boîte à sucre, la boîte à thé, et le quart, gobelet qui sert à travailler le thé, elle y ajoute quelques gâteaux. Remplissage d'un jerrican d'eau. Nous ajoutons à cela deux tabardées, ces couvertures faites par les femmes qui isolent du sol, chaudes par temps froid, et tellement fraîches par grosse chaleur. Et nous voilà parties, accompagnées de deux amies de Djahil. Nous ramassons au passage quelques branches de palmier, quelques morceaux de bois, et quelques restes de charbon de bois de précédents feux. Tidouel va nous préparer le thé selon le rituel ancestrale, là au milieu de l'oued, face à la montagne qui surplombe Djahil. Les discussions de femmes s'installent, les rires, le bonheur.
Le soir, plusieurs invités doivent venir à la maison de Djahil. Je vais alors aider Tidouel à préparer le repas, au menu couscous. Je suis également invitée à rester pour la soirée. Nous passons un moment tellement agréable toutes les deux que nous en oublions de faire la soupe.
Le temps s'étale, les rencontres se créent, et je resterai à Djahil jusqu'à 23h.... j'étais rentrée pour une minute....

vendredi 8 janvier 2010

Dictionnaire franco-touareg hybride

Il existe des termes utilisés par les Touaregs, issus de la langue française, mais transformée avec l'accent Touareg.
Petit jeu, à vous d'en trouver la signification d'origine. Ceux qui savent déjà ne soufflent pas aux autres. C'est parti:

chambrillère
la chatma
sambrillage
chorfeta
el bidoune
la cousina
el cajo
el cartouna
les zalamètes
al brica
triciti
al for
choufage
chlata

à vous de jouer.

Les femmes

Mercredi soir, Tidouel m'a invitée à venir manger avec elle. Je ne l'avais pas vue depuis samedi. Elle me manquait déjà. J'arrive en fin d'après-midi, pas assez vite au goût de Tidouel puisqu'elle m'avait appellée vers 17h30 pour me rappeler que je venais chez elle le soir... Avant le repas, Ata passe dire bonjour. Elle nous invite alors à venir prendre le thé chez elle après manger. Alors, Tidouel accélère les choses. Nous mangeons toutes les deux, vite, vite. Ceci pour profiter du thé chez Ata. Le thé ici, c'est une religion. Un proverbe Touareg dit que pour faire un bon thé, il faut des braises, du temps et des amis. Ca résume très bien les choses.
Nous arrivons chez Ata. Dans la pièce des femmes se trouvent Zohara, la soeur de Ata, qui m'avait fait le henné avec Tidouel, et trois des vieilles femmes de Djahil, Tella, la mère de Tidouel, Nanie, et une autre que je ne connais pas. Quand je rentre dans la pièce, ce sont des grand "Aicha!".
Et la soirée commence, au rythme du thé. Le premier fort comme la mort, le deuxième doux comme la vie, et le troisième sucré comme l'amour. Doucement, doucement, au rythme de la théière qui chante. Part-terre de femmes, proches, intimes et soudées. Elles sont toutes soeurs, mères, filles, cousines. Une grande famille, unie. Djahil, ce quartier que j'aime tant, où tout le monde est tellement soudé. Si une famille rencontre des difficultés, les autres familles vont l'aider. Apporter à manger, partager la nourriture, aider pour les tâches ménagères, la garde des enfants. Un quartier, comme une grande maison.
Je me sens bien avec ces femmes. Elles m'ont complètement intégrée, acceptée telle une des leurs. Ce sont des instants intimes, des éclats de rire, de la complicité.
La vieille femme que je ne connaissais pas me donne les noms des constellations, le nom Touareg de chacun des sept étoiles des Pléiades. Les jeunes filles apprennent des mots Touaregs qu'elles ne connaissaient pas, remplacés par des termes arabes chez la jeune génération. Je suis heureuse de faire le lien entre elles et de relancer leur curiosité sur leur langue d'origine.
Cette soirée, alors qu'il fait froid dehors, m'aura apporté tellement de chaleur dans le coeur. Le bonheur des choses simples, des instants précieux.

lundi 4 janvier 2010

Tailleur

Courant Décembre, je voulais acheter une tenue un peu traditionnelle. Impossible de trouver quelque chose qui me plaisait ou quelque chose à ma taille.... Les tenues de femmes étant en taille unique, la seule réponse du vendeur a été, tu es trop maigre....

Alors, je suis allée chez le tailleur pour faire faire une tunique, aux formes et motifs mélangés. Tissu des pantalons des hommes, broderies aux couleurs de hommes, mais aux motifs féminins, encolure à ma sauce, manches style Niger mais en trois-quarts pour faire un peu "chiki" comme on dit ici.

Chez le tailleur sont exposées les tenues traditionnelles des hommes, en tissus de couleurs éclatantes, avec des motifs en surimpression.
Nous définissions ensemble les formes et les zones de broderies, à l'aide d'un petit shéma sur son cahier.
Il va travailler sur sa vieille machine à coudre, sans électronique et robuste! Demain soir, tout sera prêt.
Au mur, une sorte de papier peint mais qui a dû perdre sa peinture, se décolle, et sert de post-it géant, l'interrupteur aux couleurs locales, et l'éternel paquet de sacs plastiques poisons du désert.
















Le lendemain soir, ma tunique est presque prête. Je dois patienter dans la "salle d'attente", chaise bancale à côté de la machine à coudre, chaise qui a plusieurs vie derrière elle...

Encore quelques finissions, fer à repasser pour que tout soit impeccable. Le travail est bien fait, et j'aime avoir la surprise de la touche de l'artiste lui-même. Le petit shéma transformé en belle tunique me convient à merveille.

Portrait d'enfant

Semira, soleil de cette soirée improvisée

Ma bague

Lors de mes pérégrination Djanetiennes, je me promène souvent au souk. Là-bas, il existe 3 boutiques de bijoutiers. Ils sont tous frères ou cousins, originaires du Niger. Je passe des heures à les regarder travailler. Au fil du temps, je le ai tous rencontrés. Dans ces lieux, je suis Aicha et connue sous ce nom. Lorsque je passe devant une de leur boutique, ils m'appellent et je n'en ressors que plusieurs heures après.
Je me suis finalement décidée à acheter une bague. Une des bagues de Mohamed me plaisait, mais j'aurais aimé changer quelques petites choses. Il me propose alors de dessiner la bague de mes rêves et la réalisera sous mes yeux. Nous nous mettons d'accord sur les zones d'argent, les zones d'ébene. Quelles gravures et quelle méthodes utilisées (tourne vis ou tapé). L'établi du bijoutier est un bloc en métal posé à même le sol. Il utilise un petit creuset et un chalumeau branché sur une bouteille de gaz pour faire les soudures de métal, ou chauffer le métal pour le rendre plus maléable. La salle d'attente est juste a côté, équipée de son éternelle théière, et cacahuètes à déguster en buvant le thé.



Mohamed commence par fabrique l'anneau de la bague avec un motif créé avec la méthode du tapé. Il va ensuite fixer une plaque d'argent sur cet anneau, en ajoutant 2 petits anneaux de chaque côté. Il m'explique que c'est le cadenas, comme un verrou pour que la bague tienne bien.
Tous ces assemblages se font avec le chalumeau, et l'argent noircit dans la flammes. Nettoyage de la pièce avec un acide pour enlever le noir... à même le sable, sans protection. Il va ensuite limer, poncer la bague en argent. Réalisation des motifs de la bague elle-même. Un cercle d'ébène dans lequel il va incruster de l'argent, qu'il va ciseler, graver, avec un tourne-vis. Il assemble les 2 pièces pour former cette bague que j'aime tant. A chaque gravure, il me demande ce que je veux, nous partageons nos idées. Quel plaisir de voir la pièce naitre dans ses doigts.

A l'arrière de la bague, il applique sa signature en Tiffinagh, qu'il a appris par coeur, car il ne connait pas cet alphabet qui est pourtant celui de ses ancêtres. Je lui demande d'ajouter mon message à moi également. Pièce unique, née d'une création commune.





Un henné pour la Sebeiba

La fête de la Sebeiba, c'est samedi. Tidouel me propose donc de me faire un henné pour l'occasion.
Rendez vous le mardi précédent la fête. Nous prenons le repas du midi rapidement, un grand travail nous attend. Zohara est des nôtres également. Avant de manger, Tidouel prépare le henné. Poudre de la plante, un demi citron pressé, un peu d'eau, un peu de sucre. Elle mélange bien cette mixture, l'enveloppe dans un sac plastique noir et le place au soleil.
Vient ensuite le choix des pochoirs qui serviront à créer les dessins. De nombreuses discussions s'établissent entre les filles, non celui-ci ira mieux sur les pieds, celui-là pour les mains.
Collage sur les pieds dans un premier temps.
Tidouel me propose de mettre des dessins sous les pieds pour que ce soit visible quand je suis assise. La touche de l'artiste.
Me voilà parée pour l'enduit de henné. Chacune s'occupe d'un pied, je suis calée entre de nombreux coussins pour tenir la position pendant qu'elle étalent le henné. Une fois le henné placé, elles entourent les pieds d'un sac plastique, un morceau de mouchoir en papier fera l'affaire pour le dessin sur le pied, afin de le préserver d'éventuelle coulure.
Tidouel voulait également me faire un henné sur le mollet, pas facile de trouver la position du pochoir pour qu'il soit bien visible, joli, et que mes jambes supportent la position.

Après les pieds, les mollets, nous passons aux mains, doigts... et avant bras. Rediscussion pour le choix des pochoirs. J'ai hâte de voir le résultat.
Il est environ 14h lorsque les pieds et mollets sont terminés, 15h pour les mains. Je dois maintenant laisser infuser, dans la chaleur et l'humidité des sacs plastiques. Tidouel m'allume la télévision pour que je patiente. Et de la patience, il va m'en falloir. En effet, les filles vont commencer à m'enlever les pochoirs vers 20h30. Le résultat semble superbe, mais je n'ai pas le droit de regarder avant le nettoyage complet du henné restant.

Superbe. J'adore! Je sais que je ne vais pas beaucoup dormir ce soir, car je vais passer mon temps à regarder mes mains et mes pieds....

Portrait d'enfant

Aicha fille de Bachir