samedi 20 mars 2010

Quelques mots de Gabda le poète Rasta

Mardi, j'ai rendu visite à mon ami bijoutier, Tenko. Je m'installe à ses côtés, nous partageons idées, thé, cacahuètes, pensées. Un jeune Touareg est là. Je ne l'avais jamais vu, mais il connaît déjà mon nom. Il recopie sur un carnet un texte écrit à la main. Je commence à le lire. Et je le trouve très beau. C'est lui même que a écrit ces mots. Et j'aimerais les partager avec vous. Je vous les livre tels que je les ai lus.

"Sagesse du désert, désert deserere. Dites désert, on vous répondra Sahara. Le manque d'eau. Une sagesse est un savoir vivre au sens d'un art et de diriger sa vie et non au sens d'une conduite réglée par des conventions sociales. Elle est un savoir vivre heureux, malgré le mal, malgré la mort, malgré tout. La sagesse du désert est celle que les humains s'inventent en le fréquentant. Nous les avons présentés en cinq parties.
Il y a les Hommes qui habitent le désert.
Ceux qui se retirent au désert.
Ceux qui visitent le désert.
Ceux qui pensent le désert. Le désert désigne alors très largement tout lieu de retraite et de solitude. Le désert, lieu de solitude, de silence et de méditation, devient ici, la montagne avec un sens spirituel analogue. Marcher et s'asseoir. On parle, on rit, sans se soucier du retour. Mais toujours, il faut découvrir le désert et ressentir le désert.
Ceux qui ont le plus fréquenté le désert et ont su le mieux en parler. Le désert est alors ici un lieu d'avant les Hommes, préservé de leurs atteintes. On ne lutte pas contre le désert, on l'apprivoise. Visiter le désert: le voyage, l'expédition, la mission scientifique. Il faut financer ces voyages, rapporter beaucoup d'argent. Respecter le désert. Hélas. Il aime l'espace et la solitude. Il se fait condamner à toujours se remettre en route, à tout quitter pour chercher ailleurs, le bonheur, franchir le sable à dos du dromadaire. avoir attendre le désert, le désert est semblable au rocher. Il faut attendre, tu le sais: attendre la tombée de la nuit, le levé du jour, l'arrivée de l'hiver. Merci sagesse du désert.

Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces. Celui qui sait parler ne fait pas de fautes. Pour parvenir à prendre, il faut d'abord donner/ Alors les gens donateurs, parlez du don. Donner, c'est peu donner que donner de ce qu'on a. Il y a ceux qui ont peu mais le donnent tout entier, ils croient à la vie et à son abondance, leur coffre n'est jamais vide. Il y a ceux qui donnent avec joie, cette joie est une récompense. Merci.

Le désert fût l'un des souvenirs les plus émouvants de mon enfance. jamais je n'oublierai cette image. Il y a plus de 50 ans, en souriant, les Touaregs étaient les seuls maîtres de tout cette richesse. Les Touaregs est la seule clé du grand Sahara.

Jeu de l'esprit.
Cela veut dire la liberté de voyager en découvrant un pays tous les ans. Que celui qui prends sa part en ce monde resté les mains vides dans l'autre monde et inversement. Nous existons pour être heureux. Hélas. Pourquoi tant de larmes sous le soleil. Tu reconnaîtras que les Hommes heureux sont les plus malheureux. Mieux vaut pleureur que rire. Car les larmes corrigent le coeur. Ce qu'est le monde en tant que monde. Il nous est donné de le comprendre, tout devient alors Terre sur laquelle on peut se tenir. Ou dedans laquelle on ne peut nager. Mais il est évidemment plus juste d'apprendre à connaître le monde par l'Homme que l'Homme par le monde?

Le poète Gabda Ahmad Rasta en mangeant la taguela à Gabaroune, préparée par Fillo, cuisinier du désert."

J'ai discuté depuis plus longuement avec lui. Né en 1986, c'est lui qui se sent responsable de sa famille. Il doit subvenir aux besoins de ses parents, déjà vieux, usés par le temps, et de ses frères et soeurs souvent nombreux. Il ne leur a pas parle depuis plus de 2 mois. Essayant de travailler en Lybie, mais c'était un mauvais choix cette année, puis venant ici en fin de saison à Djanet, avant de retourner dans sa famille dans le désert au Niger. Pour les Touaregs, les frontières tracées à la règle par l'Europe n'existent pas. Son rêve est de faire des études et de devenir écrivain, poète et philosophe. Déjà doté d'une grande sagesse à son âge. Touareg au coeur pur.

lundi 15 mars 2010

Yasmine

En cette fin de matinée d'un jour de Janvier, Moussa et moi rendons visite à une de ses cousines. La maison est remplie d'enfants, semblant adorer leur mère. La petite dernière Yasmine, âgée de 9 ans m'amène sont cahier d'école. Elle commence à apprendre le français cette année. Toute sa scolarité s'est déroulée en arabe jusqu'à maintenant. Elle essaye de reproduire des lettres inconnues, qui ne sont pour elle que des dessins. Jamais personne ne lui a appris à les réaliser. Je vais alors passer un bon moment avec elle à lui faire des lignes d'écriture telles que je les ai apprises moi même à l'école. En décortiquant la manière dont les lettres sont faites. Je vais lui prendre la main pour les lettres les plus difficiles de notre écriture, telles que le f, le g, ou le p. Je guide sa main, au creux de la mienne. Elle est ravie et s'applique à réaliser les lettres correctement, de gauche à droite, à l'envers de tout ce qu'elle a appris jusqu'à présent. Elle me demande ensuite de lui faire l'alphabet des lettres majuscules. Je lui propose ensuite l'alphabet Tiffinagh... elle connaît déjà très bien! J'en suis étonnée mais ravie. Elle me demande ensuite d'écrire des phrases qu'elle pourra reproduire. Elle est elle-même demandeuse d'apprendre. Je trouve cela merveilleux.
Quelques semaines plus tard, j'apprends qu'elle demande sans cesse où je suis, et quand est ce que je reviens. Samedi soir, sur le route, je suis avec son frère dans une voiture. Nous en croisons une autre. Les 2 voitures pilent. Un fillette en descends et arrive en courant, pour me dire bonjour et m'embrasser. C'est Yasmine, petite fille échevelée, dans la nuit douce du désert, désireuse d'apprendre et de connaître le différent, déjà à son âge.

jeudi 4 mars 2010

Photo instantanée

Des enfants qui jouent au foot, la poussière du sable soulevée par leur pieds nus, des buts imaginaires, dans le soleil couchant, en contre jour.