dimanche 22 novembre 2009

Première nuit dans ses bras

Nous sommes mercredi je crois, de ma première semaine ici. Nous allons peut être rejoindre Djamel dans le désert pour passer la soirée et la nuit. Début d'après midi, soirée annulée. Moussa a un travail pour la journée, assurer le rapatriement en vivre d'un groupe de touristes dans la Tadrart. Petite déception pour moi, mais je comprends. Environ 16h, mission annulée, le commanditaire a trouvé quelqu'un d'autre... Nous partons donc finalement bel et bien dans le désert. Départ un peut tardif, du coup. Le soleil se couche à 17h30 environ, et à 18h il fait nuit noire. Arrivés sur le site au crépuscule, nous allons nous guider aux feux de camps, ou à la lumière des frontales de différents groupes présents sur le site. Nous trouvons finalement Jamel grâce au feu de camps. La soirée est fraîche, voire froide. Les pieds contre le feu, la tête sous les étoiles. Je vais aider les Touaregs à préparer la taguela. La taguela (à prononcer tadjeuila) est cette galette faite à partir de semoule très fine, entre la semoule que l'on connait et la farine, un peu de sel, et de l'eau. Elle est pétrie un bon moment jusqu'à ce qu'elle ait la bonne texture. On pousse ensuite les braises du feu pour dégager le sable qui est en dessous. La galette est déposée sur le sable chaud, recouverte de sable, sur lequel on vient redéposer les braises et le feu. Il faut la retourner a mi cuisson. Comment savoir quand elle est cuite? Au temps de cuisson? Non ça ne marche pas puisque ça dépend des braises et du bois utilisé pour le feu. A la couleur? Quelle couleur, elle est sous les braises et le sable. Et bien non, oubliez tous vos acquis de cuisine. On sait qu'elle est cuite au son qu'elle fait quand on la tapote avec un morceau de bois. Une fois cuite, la taguela (gros pain) est frottée avec un couteau pour éliminer le sable qui peut être resté sur la croute. On la casse ensuite en gros morceau pour la faire refroidir un peu avant de la travailler. Il s'agit alors de l'émietter pour la rendre un peu comme de la semoule. Nous sommes donc parti d'une semoule très très fine pour arriver au final à une sorte de semoule faite de ce pain galette. Le travail d'émiettage est très long et se fait avec les mains, à plusieurs autour de la grande assiette commune. Ce moment est un moment de proximité et de convivialité que j'aime beaucoup. Une fois la galette réduite en semoule, on va déposer dessus une sauce avec morceaux de légumes ou avec des lentilles. C'est le plat traditionnel des Touaregs. Et comme dit mon petit frère Boubaker, la taguela, c'est seulement au bout de deux heures qu'elle fait deuuuzzzz dans l'estomac.
Que j'aime ces instants, blottie auprès du feu, la tête sous les étoiles, une voie lactée blanche comme jamais, les Touaregs parés de leur cheich, seuls leurs yeux sont visibles et pétillent de vie et du reflet du feu. Et le son de leurs voix lors de palabres ou dans les chansons au rythme du bidon. Et tout autour, le silence enivrant du désert.
Sahara mon amour, Touaregs je vous aime.

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